"Nicolas Sarkozy a transformé la France en spectatrice de son évolution"
Jacques Julliard
Cette phrase prononcée durant la conclusion des Etats Généraux du renouveau m'a semblé refléter cette vision active de la citoyenneté qu'il nous faut prendre en considération. L'action citoyenne ne se résume pas au vote pour un représentant. C'est dans le partage, la confrontation des points de vue et des expertises, le débat et le compromis que se forge une véritable démocratie. Et il semble que nous ayons tendance à l'oublier, mettant ainsi de côté les formidables capacités d'innovation de la société civile. Il est de notre devoir de passer du rôle de spectateurs passifs à celui d'acteurs activement engagés, surtout face aux nouveaux défis de notre République mais aussi de l"Europe et du monde.
"Soyons nous même le changement que nous voulons réaliser"
Pierre Larrouturou
Les Etats Généraux ont permis à 21 000 spectateurs de s'engager dans ce processus d'implication du citoyen durant 3 jours de d'analyse, de réflexion et de débat.
Je me propose ici de vous livrer certaines synthèses que j'ai pu faire parmi les quelques débats auxquels j'ai assisté. Il s'agit de pistes de réflexion intéressantes, mettant en avant des points du vue pouvant donner une dimension nouvelle à notre analyse des évènements actuels.
Egalité Homme-Femme passer du discours aux actes.
Avec Benoît Hamon, Corinne Lepage, Lilian Halls French et Christiane Marty.
Aujourd'hui, dans les entreprises du CAC 40, les femmes représentent 15% des membres des Conseils d'Administration.
Si de nombreuses avancées législatives ont pu être appréciées, la réalité quotidienne des femmes reste très fortement marquée par les inégalités. Il faut donc passer d'une égalité formelle à une égalité réelle.
Corinne Lepage explique cette nécessité d'égalité d'un point de vue politique : une faible représentation politique des femmes ne leur permet pas d'être elles-même au sein d'un univers essentiellement masculin. Elles ont le pouvoir de modifier les manières de faire de la politique, mais pour changer les règles du jeu il faut peser sur l'échiquier politique.
Cette inégalité réelle des femmes s'explique de deux manières:
- Les inégalités hommes/femmes sont différentes des autres : ce sont les plus anciennes, les plus uniformément réparties, les plus invisibles et surtout les plus tolérées des inégalités. Beaucoup de stéréotypes sur le genre restent véhiculés par l'éducation mais également au travers des médias. La question est, pourquoi sommes nous si passifs?
- Il y a une véritable absence de volonté politique en matière d'égalité hommes/femmes. On a le sentiment que les femmes ont déjà obtenu beaucoup de droits au cours du XXème siècle et que les inégalités restantes vont s'atténuer avec le temps. Ainsi, les questions d'égalité hommes/femmes sont mises en avant par les partis mais reléguées à la fin des agendas politiques. Pourtant, une société démocratique qui se donne comme objectif l'égalité des droits humains se doit d'influencer l'égalité hommes/femmes.
Quelques mesures concrètes ont alors été mises en avant :
Deux résolutions prisent en 2010 par le Parlement Européen et la Commission européenne : elles proposent de mettre en place une "politique intégrée" visant à prendre en considération la question du genre dans tous les programmes politiques de l'UE quelque soient les domaines évoqués. Elles proposent également une surveillance beaucoup plus accrue des budgets européens et de leur impact réel sur l'égalité hommes/femmes.
De plus, dans se convention pour l'égalité réelle, Benoit Hamon a proposé la mise en place d'une "interdiction de tout achat d'un acte sexuel non désiré" pénalisant ainsi les clients de la prostitution tout en favorisant la réinsertion et l’accompagnement des prostituées.
Culture et identité nationale, des concepts dépassés?
Alain Finkielkraut
Voici deux points soulevés par Finkielkraut lors de cette conférence :
- On a observé une évolution du sens de la culture. Aujourd'hui, nous faisons face à une hyper-démocratisation de la culture ou celle-ci s'apparente à des pratiques, des coutumes, elle renvoie à la spontanéité de chacun. Or la culture humaniste n'était pas une manière pour chacun d'être lui-même mais une sortie, une aliénation. Aujourd'hui, la culture est perçue comme lien social, connexion dans l'ère numérique de l'instantanéité alors qu'il s'agit au contraire d'une déconnexion, d'un détour qui s'effectue seul.
- Selon lui, il n'y a rien d'ignoble au débat sur l'identité nationale. En période d'immigration, il est nécessaire pour une Nation de réfléchir à ses rêves, ses passions, ses coutumes. Or, la France s'absente d'elle même pour être plus accueillante aux autres car elle se reproche la collaboration et la colonisation. Il émerge une nouvelle fierté, celle d'être contemporain. Le patriotisme temporel se substitue au patriotisme géographique. Nous sommes supérieurs à ces ancêtres qui ont collaborés. Pourtant, il faut savoir concilier le remord et la fierté. Il faut faire place dans la mémoire à l'admiration à l'heure où le "devoir de mémoire" ne s'applique qu'aux crimes.
Et si la croissance ne revenait pas?
Anne Hidalgo, Pierre Larrouturou, Dominique Méda et Marie-Anne Montchamp.
Dans nos sociétés, la croissance a un rôle énorme : elle est un régulateur, une condition nécessaire au bon fonctionnement de l'économie. Adam Smith préconisait déjà que tous, nous nous occupions de l'augmentation de la production.
Ce rôle centrale de la croissance entraîne une extrême difficulté à la remettre en question. Pourtant, dès l'origine, Kuznets, l'inventeur du PIB, l'a remis en cause car il constituait un indicateur imparfait du bien être.
Aujourd'hui il apparaît clairement que la croissance actuelle n'est pas soutenable. Pour T. Jackson, on ne peut imaginer ce rythme de croissance pour 9 milliards d'habitants d'autant qu'il n'y a pas de découplage entre la croissance et ses effets environnementaux. On est donc face à une grande contradiction : on a besoin de croissance pour lutter contre le chômage mais la croissance est nuisible et détruit l'environnement.
Alors que faire?
- Il faut renouveler nos instruments de mesure de la croissance et développer d'autres indicateurs qui mesureraient l'évolution du patrimoine naturel et la santé sociale.
- Il faut remettre en cause nos disciplines actuelles : l'économie a joué avec des chiffres sans prendre en compte les flux de matière et la dégradation de l'environnement.
- Il faut que la contrainte écologique guide nos comportements.
- Il faut anticiper les effets de la croissance sur l'emploi sois en proposant une réduction massive du temps de travail soit en préconisant un travail de qualité. Nous avons une chance unique de remettre le travail au coeur de nos préoccupations.
Comment ?
-Agir au niveau européen voir international.
-Moins consommer pour plus de lien : en préconisant par exemple une redistribution radicale des revenus avec la mise en place d'un salaire maximum.
Vivons-nous un temps de crise?
Michel Serres.
- Il parait nécessaire de revenir sur la notion de crise. Venant du grec juger et représentant la bifurcation qu'un tribunal doit effectuer à la fin d'un procès, la crise est ensuite entrée dans le vocabulaire médical. Ainsi, l'organisme atteint un pic où il doit choisir entre la mort et la guérison, mais sans retour au statu quo, l'organisme atteint un nouvel état.
Il faut bien garder en tête que s'il y a une crise, aucun retour en arrière n'est possible car cela entraînerait la répétition d'une crise similaire.
- On ne se rend pas compte de la profondeur des causes de la crise. L'homme n'a pas pris la mesure des évènements majeurs qui ont transformé sa vie. Ainsi, un évènement est d'autant plus nouveau qu'est long le temps que cet évènement clôt.
Le nombre de paysans a considérablement diminué depuis le début du siècle tant et si bien qu'en 1970, l'ère néolithique de l'homme fondamentalement proche de la terre s'est achevée sans qu'on le réalise vraiment.
Après la seconde guerre mondiale, la médecine est devenue réellement efficace, augmentant considérablement l'espérance de vie modifiant également notre rapport à la douleur (l'invention de la péridurale a définitivement mis fin à la citation de la Bible selon laquelle la femme "accoucheras dans la douleur"), modifiant également le corps humain qui se découvre dans les années 60,70 car il devient montrable.
De plus, les nouvelles technologies (avec l'invention du portable et d'internet) nous ont fait habiter un espace nouveau. Nous sommes sans arrêt voisin avec tout le monde, il n'y a plus de distance du tout.
Ainsi, ces nouveaux espaces, ces nouveaux rapports au corps et à la vie impliquent une nouvelle politique. Nous n'avons pas mesuré la largeur de la crevasse qui nous sépare du passé, et la crise dont on parle occulte ces profondes transformations.
- Selon Michel Serres, l'individu en tant que tel est né assez récemment (Jacques Julliard parlera plutôt d'une nouvelle forme d'individualité) après la Seconde Guerre Mondiale. L'attitude des joueurs de l'équipe de France durant la dernière Coupe de monde en est parfaitement symptomatique : il n'ont pas réussi à jouer ensemble, à former une équipe.
On est donc en présence d'une nouvelle donne sociale où l'individu est né et a du mal à nouer des relations sociales. Comment nouer de nouveaux rapports? Quels sont les nouveaux rapports à inventer?
Pour lui, l'identité (ce qui me constitue) nationale (mon appartenance) est une erreur sémantique grave. Car confondre identité et appartenance c’est ça le racisme.
L'octopus
lundi 31 janvier 2011
mardi 18 janvier 2011
De l'avenir de la France
" Nous voulons mettre en œuvre une politique basée sur la remise en ordre de l’Etat-Nation par une souveraineté recouvrée,la revitalisation de la démocratie par la participation des citoyens aux affaires qui les concernent, un Etat protecteur et efficace au service de la communauté nationale, garant de la laïcité, de la prospérité et des libertés.Un Etat luttant partout contre l’injustice engendrée par le règne de l’argent-roi."
Et pourtant...près de 10 ans plus tard, cette "erreur" est sur le point de se réitérer, comme si nous n'avions pas retenu la leçon. Cependant, les cause de la hausse des intentions de vote pour le Front National en 2012 (18% selon le dernier sondage Marianne-CSA) ont changé depuis les élections de 2002.
Marine Le Pen, discours d'investiture du 17 janvier 2011
Affiche de campagne du FN interdite durant les régionales |
J'ai beaucoup hésité avant de publier ce message. Marine Le Pen est tellement médiatisée ses derniers temps que cela pourrait s'avérer dangereux pour l'issue des prochaines élections : car, qu'on l'aime ou qu'on la déteste, tant qu'on lui accorde une place grandissante dans l'espace publique, son but reste atteint : on parle d'elle. Alors, tranquillement mais fermement, elle fais passer son message, certaine de trouver dans l'assistance des auditeurs réceptifs à son discours et ses idées.
Dans ce cas, me diriez-vous, pourquoi enfoncer le clou? La réponse est simple : car je n'ai pas l'impression que les citoyens français mesurent l'ampleur de ce qui se trame sur la scène politique.
Si la situation n'évolue pas, il est presque sûr que le FN passera de nouveau au second tour.
Je n'avais pas encore 10 ans le 21 avril 2002 pourtant je me souviens clairement de la surprise générale provoquée par le score anormalement élevé de Jean-Marie Le Pen. Je me souviens de la stupeur, de l'émotion et de la colère des français transformée en immenses manifestations destinées à sauver l'intégrité de notre République. Le résultat final des élections présidentielles a été vécu comme un soulagement, le score historique du FN comme une erreur et un avertissement pour notre démocratie. Ainsi, le manque d'investissement politique des citoyens et l'émiettement des partis ont favorisés la monté de l'extrême-droite. Nous voilà prévenu, comme le dit le proverbe, "chat échaudé craint l'eau froide".
Premier facteur : la crise et ses conséquences
Nous vivons une crise économique et sociale d'ampleur inégalée depuis le krach boursier des années 1930. Les plans d'austérité économique élaborés par de nombreux pays pour faire face à la crise se combinent à une augmentation du coût de la vie et pèsent sur le budget de nombreuses familles, y compris parmi les classes moyennes. Dans ce contexte socio-économique pénible, s'installe un climat d'angoisse, d'anxiété et de peur pour l'avenir.
Or, l'Histoire a tristement démontré que les partis d'extrême droite tirent leur force politique de cette peur qu'ils excellent à instrumentaliser. Il est plus facile de se liguer contre un ennemi commun (en l’occurrence l'islam et l'immigration) en l'accusant de tous les maux dont souffre la France que de faire face à un avenir politique social et économique incertain et donc profondément angoissant. En sommes, choisir l'extrême droite c'est opter pour la facilité au détriment de l'éthique et de l'intégrité. Pour être rassuré, le citoyen fait des choix immoraux.
La corrélation entre crise économique et montée des extrêmes semble se vérifier à travers de nombreuses démocraties occidentales. Pour la première fois, l'extrême droite suédoise (SD) à fait son entrée au Parlement. En 2009, l'extrême droite a réalisé un score record aux Pays Bas, en Hongrie, en Autriche, en Belgique. La ligue du Nord, parti populiste et xénophobe travaille en étroite collaboration avec Silvio Berlusconi, le président italien. Les votations suisses à l'encontre des minarets et la percée fulgurante du Tea Party américain ultra-conservateur confirment cette tendance.
La popularité croissante du Front National français serait donc le reflet de la situation politique internationale en ces temps difficiles de récession économique et de malaise social.
Deuxième facteur: le nouveau visage du Front National
On la savait favorite depuis le début de la course à la présidence du Front National, sa consécration au poste suprême du parti le 17 janvier dernier n'a fait que confirmer son irrésistible ascension. Marine Le Pen est, incontestablement, une actrice majeure de la vie politique française.
Ce qu'il y a de fondamentalement dangereux chez la nouvelle présidente du FN c'est qu'en ayant pour but d'arriver réellement au pouvoir, elle transmet une toute nouvelle image du parti d'extrême droite, plus ouverte et plus démocratique.
Déjà en soi, le personnage de Marine Le Pen incarne ce symbole de renouveau et de modernité. Jeune, dynamique et charismatique, elle ne porte pas sur ses épaules le passé trouble de son père : on ne lui attribue ni propos négationnistes, ni blagues racistes.
Forte de cette image renouvelée et donc plus respectable, elle diffuse également des idées neuves se voulant plus modérées que celles de Jean-Marie Le Pen. Tout en condamnant résolument le capitalisme et ses effets dévastateurs sur les citoyens, elle dénonce la visibilité de l'islam au nom d'un idéal de laïcité et se vante d'être la représentante de l'unique parti véritablement démocratique de la France en se prétendant réellement à l'écoute des besoins du peuple (cf discours ci-dessus).
Or, la démocratie n'est pas seulement un mode d'élection des représentants de la Nation, c'est aussi un système de valeurs fondamentales (comme le respect, la dignité, l'égalité, la liberté) qui se doit d'être respecté et appliqué par les représentants de l'Etat. Et il semble évident que le Front National n'est pas et ne sera jamais en accord avec ces idéaux. La notion même de "préférence nationale", terme politiquement correct signifiant "persécution des étrangers" implique une inégalité si forte et une injustice si grande envers les immigrés qu'elle est incompatible avec tous les idéaux humanistes de la France et donc intolérable.
Pourtant, Marine Le Pen et son discours n'apparaissent plus comme une réelle menace pour la République française, tant et si bien que voter pour le Front National ne se révèle plus être un acte isolé ou honteux. Les témoignages favorables à Marine Le Pen se multiplient, le profil de l'électeur type se modifie : plus jeune et plus déterminé, il agit à visage découvert et revendique son affiliation politique comme un acte contestataire et moderne. Quoi de plus paradoxal lorsque, lisant attentivement le programme du FN, on se rend compte des mesures archaïques proposées par ce parti profondément conservateur.
Pourtant, Marine Le Pen et son discours n'apparaissent plus comme une réelle menace pour la République française, tant et si bien que voter pour le Front National ne se révèle plus être un acte isolé ou honteux. Les témoignages favorables à Marine Le Pen se multiplient, le profil de l'électeur type se modifie : plus jeune et plus déterminé, il agit à visage découvert et revendique son affiliation politique comme un acte contestataire et moderne. Quoi de plus paradoxal lorsque, lisant attentivement le programme du FN, on se rend compte des mesures archaïques proposées par ce parti profondément conservateur.
Troisième facteur : la vie politique française
La dernière raison qui me pousse à penser que le FN est sur le point de réitérer l'expérience de 2002 repose sur le paysage politique dans lequel nous évoluons. Les deux grandes forces politiques françaises (PS et UMP) ont une part de responsabilité dans l'ascension de l'extrême droite en terme d'opinion favorable et d'intention de vote.
Les luttes intestines du parti socialiste à propos de la nomination du futur candidat à la présidence de la République nuisent à son image nationale et internationale et le dé-crédibilisent dans son rôle d'opposition politique. Il semble que le PS soit plus affairé à trouver un candidat capable d'affronter Nicolas Sarkozy aux prochaines élections qu'à proposer des solutions efficaces pour améliorer le bien-être social et économique des français.
Face à ces tourments partisans, se dresse l'image du Front National, portée par un leader tout désigné (et ce, avant son élection officielle) , martelant des idées claires et fortes tout en dénonçant sans relâche la politique menée par l'actuel président, attirant ainsi de nombreux déçus du sarkozysme.
A ces considérations, s'ajoutent les propos de Nicolas Sarkozy, appuyé par son parti d'origine, l'UMP. Le tournant sécuritaire effectué cet été pour asseoir son image de président actif et intransigeant aura eu pour conséquence de décomplexer de nombreux citoyens. Après tout, pourquoi ne puis-je pas me permettre de lier délinquance et immigration, puisque mon président s'est permis de le faire? Et ce que le président à dit n'est finalement pas si éloigné des propos tenus par le FN, alors qu'y-a-t-il de dérangeant à adhérer aux idées de ce parti?
Et maintenant, que faire?
Je n'estime pas avoir la compétence ni les moyens de proposer une réelle solution à ce problème.
Cependant, être conscient de l'importance croissante prise par le Front National est déjà un grand pas. Cela nous force à être vigilants dans nos paroles et nos actes.
Je n'inciterais personne à voter de quelque manière que ce soit, cela irait à l'encontre de la liberté de choix à laquelle je crois, simplement je pense qu'il est important de voter en connaissance de cause.
Bien à vous,
L'octopus.
lundi 17 janvier 2011
Du respect des droits de l'homme.
"Nous allons réévaluer les motifs pouvant donner lieu à la déchéance de la nationalité française. Je prends mes responsabilités. La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police ou d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique. La nationalité française se mérite et il faut pouvoir s'en montrer digne"
Nicolas Sarkozy, discours de Grenoble du 30 juillet 2010.
Si je me permets de revenir près de 6 mois en arrière pour évoquer le "Discours de Grenoble", c'est parce que je pense qu'une limite importante a été dépassée cet été. Ces propos indignes d'un président de la République justifient l’inacceptables, et diffusent le message implicite qu'il existe en France, plusieurs catégories de citoyens. C'est un problème grave et il me semble important d'en avoir conscience et d'en discuter.
En effet, par l’élection démocratique qui l’a pourvu au poste de Président de la République, Nicolas Sarkozy ne s’est pas seulement vu attribuer la haute et honorifique fonction de dirigeant d’Etat. Il a également choisi d’endosser une lourde responsabilité, celle de représenter les français, certes, mais aussi les valeurs et les idéaux de la France.
Or, le fiasco qu’a été le débat sur l’identité nationale nous aura au moins appris une chose : il est difficile de cerner précisément ce qui fonde notre identité française car celle-ci est multiple, subjective et en constante évolution.
Pourtant, si il ya bien des valeurs qui sont communément reconnues et que nous revendiquons fièrement comme étant françaises, ce sont celles des droits de l’Homme. C’est en France qu’a été rédigée la Déclaration des Droits de l’Homme dont la première phrase de l’article premier est « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ».
Vendredi 30 juillet 2010, lorsque Nicolas Sarkozy a déclaré « La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme. » il a bafoué cet article, allant à l’encontre des valeurs qu’il se doit de représenter.
En effet, le Président s’est non seulement permis de stigmatiser une partie de la population française mais il a également évoqué la possibilité d’une inégalité devant la loi : les français d’origine étrangère auraient plus à perdre s’ils commettaient un acte de délinquance que les français « pure souche » : on leur retirerait leur nationalité, on leur arracherait donc une partie de leur identité, ils ne seraient plus « dignes » d’être français.
Ce discours en plus d’être juridiquement inapplicable, est moralement inacceptable. N’est-ce pas contradictoire de prétendre pouvoir décider qui est français quand on est soi-même incapable de respecter les idéaux fondamentaux de la France? Moi-même, comment puis-je me sentir française si celui qui représente mon pays ne se montre pas digne de mon Histoire et des valeurs dont je suis fière?
Aujourd’hui, j’ai honte pour Nicolas Sarkozy, j’ai honte pour mes compatriotes et j’ai honte pour la France. J’ai honte et j’ai peur car je pense qu’à trop vouloir jouer le jeu de la sécurité pour s’attirer la sympathie des votants d’extrême-droite, notre Président émet des idées dangereuses qui me rappellent des moments bien sombres de notre Histoire.
Bien à vous,
L'octopus
Nicolas Sarkozy, discours de Grenoble du 30 juillet 2010.
Si je me permets de revenir près de 6 mois en arrière pour évoquer le "Discours de Grenoble", c'est parce que je pense qu'une limite importante a été dépassée cet été. Ces propos indignes d'un président de la République justifient l’inacceptables, et diffusent le message implicite qu'il existe en France, plusieurs catégories de citoyens. C'est un problème grave et il me semble important d'en avoir conscience et d'en discuter.
En effet, par l’élection démocratique qui l’a pourvu au poste de Président de la République, Nicolas Sarkozy ne s’est pas seulement vu attribuer la haute et honorifique fonction de dirigeant d’Etat. Il a également choisi d’endosser une lourde responsabilité, celle de représenter les français, certes, mais aussi les valeurs et les idéaux de la France.
Or, le fiasco qu’a été le débat sur l’identité nationale nous aura au moins appris une chose : il est difficile de cerner précisément ce qui fonde notre identité française car celle-ci est multiple, subjective et en constante évolution.
Pourtant, si il ya bien des valeurs qui sont communément reconnues et que nous revendiquons fièrement comme étant françaises, ce sont celles des droits de l’Homme. C’est en France qu’a été rédigée la Déclaration des Droits de l’Homme dont la première phrase de l’article premier est « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ».
Vendredi 30 juillet 2010, lorsque Nicolas Sarkozy a déclaré « La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme. » il a bafoué cet article, allant à l’encontre des valeurs qu’il se doit de représenter.
En effet, le Président s’est non seulement permis de stigmatiser une partie de la population française mais il a également évoqué la possibilité d’une inégalité devant la loi : les français d’origine étrangère auraient plus à perdre s’ils commettaient un acte de délinquance que les français « pure souche » : on leur retirerait leur nationalité, on leur arracherait donc une partie de leur identité, ils ne seraient plus « dignes » d’être français.
Ce discours en plus d’être juridiquement inapplicable, est moralement inacceptable. N’est-ce pas contradictoire de prétendre pouvoir décider qui est français quand on est soi-même incapable de respecter les idéaux fondamentaux de la France? Moi-même, comment puis-je me sentir française si celui qui représente mon pays ne se montre pas digne de mon Histoire et des valeurs dont je suis fière?
Aujourd’hui, j’ai honte pour Nicolas Sarkozy, j’ai honte pour mes compatriotes et j’ai honte pour la France. J’ai honte et j’ai peur car je pense qu’à trop vouloir jouer le jeu de la sécurité pour s’attirer la sympathie des votants d’extrême-droite, notre Président émet des idées dangereuses qui me rappellent des moments bien sombres de notre Histoire.
Bien à vous,
L'octopus
dimanche 16 janvier 2011
De l'importance des présentations.
"During the year 2010, an octopus made more accurate predictions than most economists did"
"Au cours de l'année 2010, un poulpe a fait des prédictions plus justes que la plupart des économistes". Voici donc le point de départ, le coup de pied au cul, l'étincelle qui ne mènera sans doute qu'à une piètre flambée. Tant pis, j'essaye quand même.
Cette citation tirée d'un article du Time dressant le bilan (amer) de l'année écoulée m'a d'abord amusée tant elle était d'une absurde justesse. Et puis...et puis on réfléchit, on analyse, on lève la tête de son magazine et on observe la nuit défiler derrière les vitres glacées du TER qui tremble.
Ce n'est pas drôle, non, c'est même carrément triste.
En sommes, nous avançons à l'aveuglette, guidés par de si grands spécialistes qu'il semble plus facile pour un poulpe de prédire l'issue de la coupe du monde de football que pour eux de s'entendre pour résoudre durablement la crise financière, économique et sociale que nous traversons.
Sommes-nous donc à ce point impuissants? Allons-nous continuer à subir les évènements actuels sans autre réaction qu'un hochement dépité de nos faibles épaules?
Sommes-nous donc à ce point impuissants? Allons-nous continuer à subir les évènements actuels sans autre réaction qu'un hochement dépité de nos faibles épaules?
"Eh oui, le capitalisme engendre des situations immorales et nuisibles à la dignité humaine, d'ailleurs c'est absolument scandaleux que les spéculateurs parient sur la faillite de la Grèce quand on voit le nombre de milliards investis par les Etats pour redresser les banques..."
"Bien sur que la montée de l'islamophobie m'inquiète, je trouve inadmissible qu'un chef d'Etat stigmatise toute une partie de sa Nation dans le seul but d'asseoir ses objectifs sécuritaires, d'autant que les populismes de droite ont sérieusement la côte en Europe et aux Etats Unis ces derniers temps..."
"C'est évident que le monde va mal, je le vois, moi, que les gens sont tristes, je la sens la misère qui s'étend, j'observe clairement les chiffres du chômage..."
"Mais quand tout ça est dit que veux-tu faire? Hein?
Que veux-tu faire?"
La jeunesse gronde, désespérée d'attendre un avenir meilleur, elle laisse éclater sa rage à Tunis et à Alger, clamant violemment qu'elle n'a plus rien à perdre.
Tout bouillonne, tout s'emballe, tout s'accélère.
Voila pourquoi j'ai créé ce blog. Je ne peux me résoudre à résumer mon action citoyenne au lâché intermittent d'une enveloppe dans une urne. J'espère créer ici un espace virtuel d'échange et de partage sur les sujets d'actualité qui me semblent graves.
Car il est primordial que nous restions éveillés. L'indifférence et l'inaction sont les pires des poisons.
Car s'informer, réagir et discuter c'est déjà agir.
Car 2012 n'est plus si loin et que la démocratie n'a jamais été aussi fragile.
Bien à vous,
L'octopus.
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